Colombie
Thématiques : Normes humanitaires – Autonomisation communautaire – Accès humanitaire – Mines antipersonnel – Protection des civils – Recrutement forcé d’enfants.
Contexte
La Colombie connaît actuellement un conflit qui dure depuis plus de 60 ans. Selon le Registre Unique des Victimes du pays, entre janvier 1985 et juin 2024, 9 737 008 personnes ont été enregistrées comme victimes du conflit armé.
En 2016, les FARC-EP ont accepté de se démobiliser et de se transformer en parti politique, recevant un soutien très limité lors des élections nationales. Depuis 2019, la Colombie a vu une prolifération de groupes armés et d’autorités de facto comblant le vide laissé par les FARC, accompagnée d’une intensification des hostilités.
Actuellement, les groupes armés nationaux les plus puissants sont les Forces d’autodéfense Gaitanistes de Colombie (AGC, également connues sous le nom de Clan del Golfo), qui sont les plus fortes en termes d’effectifs, de finances et de structure interne ; l’ELN ; l’État-major central (EMC ou ex-FARC) ; l’État-major des blocs et fronts (EMBF) ; et la Seconde Marquetalia — tous deux issus des FARC.
Il existe également plusieurs groupes régionaux, tels que les “Comuneros del Sur” et les “Forces d’autodéfense Conquistadora de la Sierra Nevada”, ainsi qu’une multitude de gangs criminels urbains qui s’allient ou s’affrontent souvent avec les groupes armés et autorités de facto (AGDA).
Le conflit colombien n’est plus purement politique ; il est désormais principalement mené entre des blocs semi-indépendants — certains hybrides, d’autres entièrement criminels — avec l’armée nationale comme troisième acteur.
La situation reste extrêmement préoccupante, marquée par une augmentation visible et invisible de la violence et de l’instabilité, malgré les négociations de paix en cours. Les AGDA continuent de mener des attaques et de chercher à contrôler des territoires, causant des victimes civiles, des destructions et des déplacements.
Activités de l’Appel de Genève dans le pays
En Colombie, l’Appel de Genève œuvre pour atténuer l’impact humanitaire du conflit armé en promouvant le respect du Droit international humanitaire (DIH) auprès des AGDA, en renforçant la protection communautaire, et en facilitant l’accès humanitaire dans les zones où les besoins sont urgents et la présence institutionnelle limitée.
Promouvoir le respect du DIH par les AGDA
L’Appel de Genève se concentre sur l’amélioration de l’adhésion des AGDA aux normes humanitaires. Bien que la législation colombienne limite les contacts directs avec les combattants actifs, l’Appel de Genève travaille activement à obtenir les autorisations nécessaires pour faire progresser ces dialogues dans le cadre légal.
En attendant, des canaux de communication sécurisés ont été identifiés et consolidés — via des intermédiaires — pour établir un contact avec les AGDA aux niveaux national et municipal. Ces canaux permettent de diffuser des messages humanitaires clés, de sensibiliser aux obligations liées au DIH et de soutenir des processus de changement de comportement au bénéfice des populations civiles.
Renforcement de la capacité d’autoprotection communautaire
L’Appel de Genève travaille en étroite collaboration avec les leaders communautaires dans les départements d’Arauca, de Nariño et du Norte de Santander afin de renforcer leur capacité à se protéger contre les violations du DIH. Cette approche repose sur la création de relations de confiance, la formation au DIH et le renforcement de leur capacité à négocier avec les groupes armés pour protéger les membres de la communauté.
À travers des ateliers, des exercices pratiques et un accompagnement continu, les communautés sont aidées à identifier leurs risques, à prioriser les mesures de protection et à les mettre en œuvre de manière autonome et sécurisée.
Des méthodologies sont également développées pour protéger les infrastructures publiques dans les zones à haut risque, telles que les écoles, les centres de santé et les espaces communautaires. Dans ce cadre, les enseignants, le personnel médical, les premiers intervenants et les délégués municipaux (Personeros Municipales) sont formés à répondre de manière coordonnée aux menaces.
Renforcement du rôle de médiation de l’Église catholique
En 2025, l’Appel de Genève a établi un partenariat avec le Secrétariat National de la Pastorale Sociale (SNPS), le bras social de l’Église catholique. En Colombie, le personnel religieux joue un rôle crucial de médiation entre les civils et les groupes armés, grâce à leur autorité morale et leur neutralité.
À travers les « Dialogues pastoraux », l’Appel de Genève renforcera la capacité des prêtres et des évêques à négocier avec les AGDA en faveur de la protection des civils.
Une première formation a été dispensée à 55 prêtres des régions d’Istmina et du Bajo Cauca.
CHIFFRES CLÉS
En juillet 2024, la population de la Colombie était estimée à environ 51 millions d’habitants. Selon l’OCHA, environ 10 millions vivent actuellement dans des zones contrôlées ou influencées par les AGDA.
Entre janvier et mai 2025, les déplacements massifs ont augmenté de 128 %, avec plus de 68 200 personnes déplacées de force.
Les cas de confinement ont augmenté de 70 % au cours des cinq premiers mois de l’année, touchant plus de 91 100 personnes.
Entre 2022 et mi-2025, plus de 18 000 personnes ont été formées au DIH par l’Appel de Genève. Pendant la même période, 31 communautés ont été soutenues et renforcées. L’organisation a travaillé avec six peuples autochtones — Embera Eyábida, Embera Chamí, Embera Dóbida, Gunadule, Senú et Barí — et mis en œuvre 24 mesures de protection.
Plus de 1 140 000 personnes ont participé à diverses campagnes sur les réseaux sociaux pour sensibiliser aux règles fondamentales du DIH.
Lisez notre rapport annuel pour en savoir plus sur notre travail en Colombie en 2024.
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Informations de contact:
Giuliano Perseu – DIRECTEUR PAYS
gperseu@genevacall.org