Afghanistan

Thématiques : Application de la loi fondée sur les principes, Cohésion sociale, Déplacement, Normes humanitaires, Accès humanitaire

Depuis l’accession des Taliban au statut de gouvernement de facto de l’Afghanistan en août 2021, leurs actes ont été ceux d’un État. Cela les oblige à respecter les normes humanitaires, à assurer la paix et la stabilité, et à œuvrer pour l’égalité et l’inclusion.

La situation humanitaire du pays s’est aggravée en 2025 en raison de multiples facteurs, notamment le nombre sans précédent d’Afghans retournant ou étant rapatriés en Afghanistan depuis les pays voisins, l’Europe et au-delà. Cette crise est aggravée par des catastrophes naturelles — en particulier des séismes — et par les effets de plus en plus graves du changement climatique, se manifestant par des sécheresses, des inondations et une pénurie croissante d’eau. Par ailleurs, les chocs économiques, les réductions d’aide et l’environnement politique actuel contribuent à une insécurité alimentaire croissante et aux risques de protection qui en découlent pour une grande partie de la population. L’année 2025 a enregistré la plus forte hausse du taux de malnutrition jamais observée. La situation complexe isole les groupes afghans vulnérables, tels que les minorités religieuses et culturelles, ainsi que les femmes et les filles. Les préoccupations en matière de protection englobent les violences basées sur le genre, les enlèvements, les déplacements forcés, les mariages précoces, la discrimination, le vol de biens, les restrictions d’accès et les difficultés d’accès humanitaire. Dans ce contexte, la protection des civils demeure une préoccupation majeure, tandis que d’autres groupes marginalisés cherchent à être inclus.

Les dynamiques mondiales et régionales influencent également la crise humanitaire en Afghanistan. Avec le désengagement des puissances occidentales et l’absence de reconnaissance de l’autorité de facto de Kaboul, les acteurs régionaux sont de plus en plus impliqués. La situation de l’Afghanistan reste extrêmement fragile et nécessite dialogue, protection des droits et cohésion communautaire.

Une déclaration publique émise à Genève en février 2022 par une délégation de haut niveau des Taliban sur la protection des missions médicales, l’accès humanitaire et l’éducation les a sensibilisés davantage à leurs obligations en matière de droit international humanitaire (DIH) et les a rendus plus engagés dans leur mise en œuvre.

Activités de l’Appel de Genève dans le pays

Depuis 2018, l’Appel de Genève entretient un dialogue avec les Taliban et les structures de l’Emirat islamique d’Afghanistan (IEA). En 2024, l’organisation a collaboré avec plusieurs ministères clés de l’IEA, dispensant des formations et menant des activités de sensibilisation au droit international humanitaire et aux droits humains. Ces sessions ciblaient la police de facto, les commandants et d’autres personnels de première ligne, en mettant l’accent sur l’application de la loi, la gestion des postes de contrôle et l’accès humanitaire, contribuant ainsi à une meilleure protection des civils. L’Appel de Genève a également mobilisé des érudits religieux et des décideurs afin d’interpréter et de promouvoir les normes humanitaires à travers les enseignements islamiques, et collaboré avec des experts universitaires pour intégrer les principes du droit international dans les programmes universitaires. Au niveau communautaire, l’Appel de Genève a soutenu les organisations locales et structures communautaires dans la promotion du dialogue intra-communautaire et de la cohésion sociale.

Parmi les principales réalisations de l’Appel de Genève figurent la promotion de l’adoption d’uniformes pour les policiers — améliorant leur identification et leur responsabilité — ainsi qu’une amélioration de leur conduite, conduisant à un meilleur traitement des civils aux points de contrôle et dans les lieux de détention. Les retours des communautés indiquent un plus grand respect envers les femmes et les groupes vulnérables, une diminution des incidents de violence et une meilleure fluidité des procédures aux checkpoints. Certaines autorités religieuses soutiennent désormais davantage les principes humanitaires, les intégrant dans leurs prêches et discussions académiques, renforçant ainsi la protection des civils et l’accès humanitaire.

Plaidoyer pour l’accès humanitaire:

 – L’Appel de Genève a mené un dialogue fructueux avec le ministère de l’Économie et l’Autorité nationale afghane de gestion des catastrophes (ANDMA) pour faciliter l’accès humanitaire, en contribuant à démystifier les principes opérationnels et humanitaires sous lesquels les ONG et les OING interviennent dans le pays, et en favorisant un dialogue sur l’accès humanitaire fondé sur les principes. 

Avec le soutien de l’ANDMA, un atelier multipartite sur l’accès humanitaire a été organisé au niveau provincial afin d’améliorer la coordination et de faciliter l’accès des communautés à l’aide humanitaire. Les directions sectorielles provinciales y ont participé afin de garantir que l’aide parvienne à ceux qui en ont le plus besoin. L’atelier a permis de renforcer la collaboration entre autorités locales et acteurs humanitaires, d’identifier les principaux obstacles à l’accès et de proposer des solutions pratiques pour les surmonter. 

Programmes de formation pour la police de l’IEA

– L’Appel de Genève a mis en œuvre des programmes de formation impactants pour les policiers de l’IEA à Kaboul, Kandahar, Balkh, Bamyan, Ningarhar et Kunduz, mettant l’accent sur le traitement humain des civils et des suspects.

– Ces formations ont été étendues aux agents de police, au personnel pénitentiaire et aux membres des patrouilles, entraînant des développements positifs notables.

– La collaboration avec les académies de formation de la police du ministère de l’Intérieur à Kaboul, Kandahar, Nangarhar, Kunduz et Balkh a été élargie, débouchant sur un accord pour former des formateurs sur les normes humanitaires et l’application de la loi fondée sur les principes.

L’Académie de formation de la police a intégré les supports de l’Appel de Genève dans ses programmes de formation des policiers. Après avoir suivi la formation de l’Appel de Genève sur l’application de la loi et la gestion des checkpoints, l’Académie a organisé des sessions pour former les agents à partir de ce matériel.

– Les entretiens avec les participants ont révélé une amélioration des interactions et une meilleure compréhension des principes humanitaires.

– Des résultats positifs ont été observés, les participants montrant un changement d’attitude et de comportement vers un meilleur traitement des détenus.

– L’Appel de Genève a également dirigé des écoles d’été et d’hiver sur les normes humanitaires à destination des professeurs et étudiants universitaires, en collaboration avec le ministère de l’Enseignement supérieur.

Chiffres clés

Au cours des trois dernières années, les équipes de l’Appel de Genève en Afghanistan ont :

• Sensibilisé plus de 6 000 policiers à l’application de la loi fondée sur les principes, régie par les normes internationales et les principes islamiques.

• Impliqué près de 1 500 érudits religieux, leaders, imams et éducateurs dans l’interprétation des normes du DIH/DH et la promotion de la cohésion sociale à travers les enseignements islamiques.

• Atteint jusqu’à 10 millions d’Afghans par des campagnes médiatiques sur la cohésion sociale, les procédures aux checkpoints, les conflits liés au climat et l’accès humanitaire.

Lisez notre rapport annuel pour en savoir plus sur notre travail en Afghanistan en 2024.

Informations de contact:

Lucia Henriksson – Directrice pays par intérim

lhenriksson@genevacall.org

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